Non, ce nest pas une image qui me guide pensais-tu à Béatrice? ou peut-être est-ce, sil y avait une image, une espèce de livre fabuleux, où se rassemblerait une vie vaste, complexe, passionnée unique, sans exemple, à peine je dis ces mots que cela me paraît vide. Ce serait plus proche de..? au secret pas ange, ni dieu, mais un au-delà de, au delà qui aurait traversé les lois, un au-delà des principes quon ne peut en aucun cas traverser, ce serait donc une tragédie bouillante de joies, je ne vois pas du tout comment en parler, je vis que je ne peux pas commencer à en écrire et que curieusement je me sens accompagnée par une présence immense, à laquelle je nai pas commencé à rendre hommage. Il ne sagit à lévidence pas dune série parmi dautres, mais dun voyage destinal. Nous avions évoqué dans nos entretiens précédents Rencontre terrestre lhypothèse du rejet dun livre par lautre, le précédent par le suivant, etc. Or le LQJNP ne joue-t-il pas un peu ce rôle de repoussoir-modèle, en permanence celui quon ne peut pas écrire comme horizon de celui que lon écrit?
Loptimisme est lart de se trouver heureux dun état futur improbable. 7Lintroduction commence par préciser ce que létude ne sera pas : elle sefforcera de résister aux sirènes de la rétrodiction expliquer pourquoi il fallait que Sandrino mourût ou pourquoi Stendhal devait écrire La Chartreuse de Parme., à toutes les sortes dapophéties, ces annonces a posteriori dévénements déjà survenus. Afin déchapper à ces apories, lanalyse destinale se donne comme objet les situations où le lecteur a le pressentiment du dénouement, et sefforce de dégager le mode de déchiffrement, la voie de décryptage suivie. Penser laprès 45 : LAfrique est-elle un laboratoire du monde de demain?
Il faut donc prendre acte que cest bien la notion de forme, de figure stable, qui est invalidée pour cette nouvelle époque. Et que donc, il est plus pertinent de laborder en prenant en considération ce qui dans le texte de Jünger était sous sa dépendance,comme figure dite réactive, ou du moins à partir de cette trace-là. Et, comme la Figure aurait dû donner sa frappe au monde du processus, il faut en conclure que lactivité du collectionneur est fondamentalement afigurale : adestinale. Vous êtes invité à le compléter pour expliciter son admissibilité, en y apportant des, ainsi quà. Si rien nest fait, cet article sera un an au plus tard après la mise en place de ce bandeau. Comme indispensable dalléger notre bagage ; et lon ne saurait le faire trop à fond ni trop largement. Le pire nest pas quun cercle de connaisseurs, de fouineurs et de conservateurs se soit agglutiné autour de la moindre coquille abandonnée que la vie a un jour portée sur son dos comme un escargot. Citation de ; Les homélies, discours et lettres choisies 1785 Je noublierai pas que deux jours après, Donald Trump triomphait à la télévision et que le monde venait encore de changer. Un dernier mot. Aujourdhui à Pau, nous avons bien conscience que ces poètes, ces écrivains que lon considère comme majeurs au 20 e siècle, nous en sommes les passeurs et certains dentre nous, tant que le sang coulera dans nos veines, nous avons la lourde responsabilité den être encore les témoins. Il dépend donc de nous que la jeunesse ne les oublient pas, que la jeunesse les découvre à son tour, au risque sinon quils sombrent dans loubli. Nous tentons, chacun où nous sommes, de faire quils continuent à semer dans les consciences à naître quelque chose de ce quils apportèrent de plus noble à leurs contemporains. Lamant qui rêve mordillant les seins superbes de laimée 30Dans une lettre datée du 18 mai 1960, Celan écrit à Hans Bender : Seules des mains vraies écrivent de vrais poèmes. Je ne vois en principe aucune différence entre un serrement de mains et un poème. La vérité de la poésie est justesse haptique de la rencontre de deux mains, même meurtries. De celle improbable, et encore informe, vers laquelle on tend comme à une ressource de vie : Contre toi lové, dun moignon de main trouvée : vie. Et de celle blessée, devenue coupe de sang pleinement tendue vers lautre ; ce quelque chose qui de la main test né et de sa blessure forme tes calices correspondant au germe poétique qui doit aller croître dans la paume dun autre. Loffrande qui est celle du je au tu et du tu au je se produit alors dans la main, dans une poignée de main qui resserre lobjet de son don autour de deux pressions amies. Lardées de microlithes des mains offrantes-offertes se découvrent, se reconnaissent et se transmettent le plus précieux de leur contact : un microlithe, un petit cristal, qui nest autre que le poème lui-même, destiné à voyager de main en main. Comme Martine Broda la souligné, les cailloux, les bouteilles scellées et les schibboleths sont autant de métaphores celaniennes pour dire le poème opaque, clos sur lui-même, en quelque sorte hermétique, qui délivre moins un sens que la forme de sa promesse à tenir amicalement dans la main. Amicalement, cest-à-dire à la façon dune poignée de main qui nagrippe pas, mais reçoit délicatement la proposition poétique et, pour que le tact opère, le retrait quelle appelle. Car toute la poétique de Celan repose sur la dynamique haptique du toucher, qui conjugue le don de lapproche à la nécessité dun retrait contact et distance, sur une dynamique que viennent ressaisir les schèmes du boomerang et du méridien. Dune part, le boomerang figure la dynamique dialogique de lâme, elle-même étayée sur le double jeu du toucher, en ce quil rencontre le vrai, sa véritable trajectoire, dans le mouvement dun éloignement-retour. Le poème que Celan lui consacre fait insistance sur le moment de sa suspension, sur linstant dimmobilité qui le surprend à nêtre plus sur le chemin de lexil et pas encore sur celui du retour, à larrêt dans une pause qui peut être brève comme infinie jusquà la rencontre destinale dun autre cœur : Nous pouvons mentionner ici, plus spécifiquement, Stéphane Mallarmé, Paul Valéry, Hugo von Hofmannsthal, Rainer Maria Rilke, ou encore William Butler Yeats.
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